
À l’autre bout du carré de nuit j’écoute la ventilation mécanique de cette autre, qui fait un peu de moi. Psalmodie respiratoire informant de la quiétude de son sommeil, alternant souffle itératif dépouillé de maintien et inspiration affranchie et vigoureuse. J’habille mes mouvements plantigrades de lenteur à défaut d’y trouver la délicatesse. Préservant ainsi ce chant hiératique d’air et d’abandon. Le mien s’entête à ne jamais venir qu’à l’épuisement, quand la pensée, la réflexion, le doute, l’angoisse, s’éteignent dans l’incapacité physique, la torpeur. Lorsque la résistance intellectuelle s’effondre dans l’ivresse d’une faillite anatomique.
Je repousse de charges impérieuses et discrétionnaires l’échéance d’horizontalité inertique. Même l’entassement littéraire garnissant les pourtours de ma couche n’empêche pas la crainte d’une digression résistant à l’encre. Que la nuit vienne ! Que la mise à mort soit prompte et incisive ! Je lui livre les déchets diurnes imputrescibles ; cette grande lessiveuse qui, dans un déchainement azimuté d’imageries à la cohérence sibylline et hermétique, rétablira le consensus fait au jour.
« Mourir…, dormir, dormir! Peut-être rêver ! » disait le prince du Danemark…
Qu’on me trouve un crâne !