Les Flamants roses

Premier mercredi du mois, la sirène retentit. Elle rappelle à chacun que l’exercice n’est jamais loin de la probabilité. La guerre est inévitable. Elle reviendra.

Lesté de naïveté, j’ai longtemps pensé les guerres en phénomènes ponctuels, brutaux, violents, momentanés, intermittents. Je les pensais de groupes, de masses, de communautés, de classes, de castes. Elles s’imposaient à moi de manière concrète, réelle, efficiente, logique et même légitime.

Qu’importent les sirènes ! La guerre ne vous quitte jamais ; à mesure de réduction concentrique, aux plus petits des espaces collectifs, aussi restreints soient-ils, je constate la guerre.

A proximité de mon domaine, au plus près de ma chair, dans le giron de mes complicités intellectuelles, dans le cercle de mes complaisances professionnelles ; je vois la guerre. Aux socles d’imaginaires analogies, aux fondements d’affabulatrices correspondances, pour des rassemblements sur motivations de communs et insignifiants dénominateurs, requérant la cohésion folklorique, de la plus juste similitude dermique aux délimitations telluriques, des territoires magiques à l’amalgame transcendant, conquérant et prosélyte, quand le particularisme géographique s’outrepasse à l’universalité et revend ses salmigondis surnaturel spéculant sur les potentialités patientèles.

Les flamands roses sont roses car leur alimentation est faite de crevettes. Roses, évidemment.

Par inadvertance radiophonique, j’ai appris que les flamands roses des zoos ne le sont, roses, que grâce à un additif alimentaire, la canthaxanthine. Ce colorant est utilisé également pour colorer les saucisses de Strasbourg et comme agent bronzant dans les tubes de crème solaire. Peut-on conclure au corolaire ?

Cet additif substitut des crevettes permet donc aux visiteurs des zoos de vérifier que les flamands roses sont roses.

Animal grégaire docile et éduqué, gavé ; j’excrète les canthaxantines que je perçois et ne sais, à l’épuisement, quelle couleur je trouverai.